21.2.12

Sur les routes de la Patagonie…comment ça roule ?


A 30 ans passés (eh oui on ne les fait pas), nous avons pris l'initiative de parcourir la Patagonie du Sud au Nord en bus. Nous n'avions pas le choix, si nous voulions remonter par voie terrestre ce bout de continent il fallait emprunter 2 routes mythiques qui sont la RUTA 40 en Argentine et la CARRETERA AUSTRAL au Chili…et que d'histoires à vous faire lire ! et que de passages de frontières !!

Nous nous étions fixé l'objectif d'être à Chaiten le 8 janvier pour prendre le seul ferry de la semaine vers l'île de Chiloé.


Le 26 décembre, nous sommes partis du fond du fond, c'est-à-dire d'Ushuaia, en Argentine, pour rejoindre après 12 heures de bus Punta Arenas au Chili. Installés dans le bus qui emprunte routes asphaltées et pistes défoncées, nous contemplons ces paysages naturels modelés de collines à la végétation rase, parsemées de quelques arbres et surplombées d'un infini ciel bleu. Il faut aussi dire que ce coin de la planète peut se montrer hostile par son climat, son vent, et son isolement. 

A la mi parcours, nous voilà à la frontière Chilienne et attention ici ils ne rigolent pas ! Tous les sacs sont passés au scanner car les chiliens ne veulent pas entre autres de denrées alimentaires fraîches, de lait, miel provenant de l'étranger. Confiants et sûrs du contenu de nos sacs, nous affirmons ne pas détenir de tels produits, malheureusement le tunnel magique a dévoilé aux inspecteurs un sachet de tubercules…eh oui les patates n'ont pas pu passer la frontière et nous ne faisions pas les fiers quand nous avons appris que le passage illicite de patates pouvait nous valoir une amende.

Une fois arrivés à Punta Arenas, nous n'en avions pas fini avec lu bus pour la journée car nous en avons pris un autre pour rejoindre Puerto Natales. Ce dernier trajet fut court car il n'a duré que 2h30 ! Si vous avez bien tout suivi, combien d'heures avons-nous fait ce jour-là ?

Après quelques jours passés à Puerto Natales et ses environs (Torres del Paine et Glacier Serrano), nous avons repris notre mode de transport de prédilection : the bus ! Trouver un billet a été un exploit car un incendie dans le parc Torres del Paine a contraint les trekkeurs à changer de destination. Heureusement, l'acharnement de Fabien (avec le sourire) nous a permis d'acheter nos billets pour le jour souhaité. C'est donc à 18h15 que nous prenons possession de nos places et que nous mangeons notre traditionnel doggy bag top équilibré préparé par nos soins alors que les voisins mangent de vulgaires sandwichs et autres chips bien grasses (bon nous aussi nous en avions…). Autre passage de frontière, beaucoup plus cool car les argentins sont moins regardants. C'est au bout de 6h de route goudronnée que nous arrivons à El Calafate.





Une fois le Perito Moreno admiré, nous partons à l'assaut de la RUTA 40 et ses paysages désertiques pour aller jusqu'à Los Antiguos, capitale de la cerise ! Les 100 premiers km de route lisse dans un bus équipé de WC et confortable se sont bien passés, puis en bordure de route nous avons changé de destrier : un bus moins avenant, tout déglingué, sans WC ni clim et ce à la vitesse moyenne de 40 km/h pendant 15h ! 




Ce trajet était ponctué de pauses pipi dans la nature…mais allez trouver un arbuste qui puisse vous cacher en Patagonie…encore une partie de rigolade ! Il est 22h passé lorsque nous mettons nos sacs sur le dos pour faire les derniers hectomètres qui nous séparent de notre lit. A Los Antiguos nous découvrons une terre propice à la culture des arbres fruitiers. En 2 jours Fabien a mangé 2kg de cerises…bien obligé car c'était la fiesta de la cereza!




Il est 7h du matin lorsque nous quittons Los Antiguos, le 6 janvier, avec pour objectif d'arriver en fin de journée à Coyhaique (sans savoir où nous allions dormir). Quelques minutes après notre départ nous et nos sacs passons encore une fois la frontière chilienne, avec option scanner. Là ce ne sont pas nos patates mais nos sacs de médicaments qui sont suspectés. Encore une fois on s'en sort indemnes après quelques explications. Très vite nous arrivons à Chile Chico, un village au bord du lac que nous devions traverser pour continuer par voie terrestre.


Attention, nous indiquons à nos lecteurs que le passage qui va suivre requiert toute votre attention.

Nous devons donc traverser le lac le jour même et nous nous mettons de suite dans la queue pour acheter nos billets pour l'unique ferry de la journée. Et c'est là que ça commence :

N'ayant pas assez de pesos chiliens , Alexia part à l'unique banque du village pour retirer mais patatra, le distributeur n'accepte que les mastercard ! Alexia rejoint donc Fabien bredouille.

La guichetière nous dit gentiment qu'il n'y a plus de place sur le ferry du jour et que le suivant disponible est le lendemain. Nous insistons lourdement mais en vain…

Petite réunion au sommet pour voir les options que nous avons : fabriquer un radeau de fortune, prendre le bus qui fait le tour du lac en 1 jour, traverser à la nage avec les sacs à dos, prendre le ferry du lendemain

Toujours sans suffisamment de monnaie locale, Fabien part à la recherche de la supérette pour changer 6 pauvres pesos argentins alors qu'Alexia se remet dans la queue pour acheter le billet pour le lendemain. En contrepartie de l'achat d'un bonbon Fabien réussit à accumuler assez de pesos chiliens pour acheter le fameux billet du lendemain…mais où allions nous dormir et avec quel argent ?


Nous prenons donc la décision de changer les dollars de la dernière chance à la banque. Hourra nous avions de quoi payer le déjeuner et la nuit à venir

En discutant avec une locale, Fabien apprend qu'il y a un fast boat qui part le jour même mais pour le triple du prix du ferry. Ainsi Fabien part à la quête de la pharmacie, susceptible de vendre les tickets recherchés. Bingo, il reste des places, après un aller retour pour informer Alexia qui garde les sacs, il les achète !

Petit récap : Nous nous retrouvons donc avec 4 billets

Au retour de Fabien, Alexia a disparu, les sacs seuls au milieu de la gare maritime, il est d'ailleurs midi et les portes sont fermées, mais une dame le reconnaît et le laisse pénétrer dans les locaux , elle lui dit qu'Alexia est partie quelques minutes auparavant et l'informe que deux places sont disponibles pour le bateau partant dans quatre heures car des personnes viennent de se désister ! C'est le choc ! Alexia arrive, Fabien lui annonce la nouvelle, nous échangeons alors nos places pour le lendemain et c'est encore au pas de course les doigts croisés que Fabien repart négocier le remboursement des places du fast boat, qu'il obtient sans problème !

Tout ça pour dire que nous avons traversés le lac en fin d'après midi pour prendre un bus pendant 1h30 avant d'arriver vers 20h00 à Coyhaique !

Nous avons donc dormi à Coyhaique, et c'est au petit matin que nous reprenons un mini bus chargé comme une mule qui doit nous amener jusqu'à La Junta ! C'est la fameuse Carratera Austral que nous parcourons, caillouteuse et saturée de poussière. Nous zigzaguons entre les trous béants et les bosses, sommes ballotés les yeux séchés par la poussière un peu à l'étroit pendant plusieurs heures . Six heures plus tard, c'est le terminus, nous arrivons à La Junta, au milieu de nulle part ! Le chauffeur nous pause à l'endroit ou un autre collectivos risque de passer dans les heures à venir pour nous faire avancer un peu plus vers le nord ! Ce village est désert, nous arrivons à trouver un churrasco dans un bar peu fréquentable pour nous remplir l' estomac !

Et c'est reparti pour 4 heures sur la Carretera, nous montons dans un autre collectivos qui s'arrête dans le village perdu de Santa Lucia, nous commençons à sentir la fatigue mais décidons de faire du stop sur cette piste mais après une petite heure, aucune voiture n'est passée !! Il est 19h00, nous décidons d'utiliser nos forces pour rechercher un endroit ou dormir ! Mais après avoir arpenté la rue principale de Santa Lucia nous nous trouvons bredouille. Heureusement la chance nous sourit et on trouve une cabane (bungalow) toute neuve n'ayant jamais encore été louée ! Le seul hic…pas d'eau chaude. Qu'à cela ne tienne, on chauffe l'eau dans des casseroles pour se doucher !

Encore une fois nous avons de la chance, le 8 janvier au matin un bus passe à Santa Lucia, et c'est toujours sur la même piste que nous arrivons dans la ville de Chaiten désertée 3 ans auparavant à cause de l'éruption du volcan voisin ! A peine arrivés nous nous mettons dans la queue pour acheter nos places pour le ferry qui part le lendemain sur l'île de Chiloé. Mission accomplie ! Nous quittons désormais la Patagonie.


 

Fabien et Alexia
 


 

1 commentaire:

  1. ouah ! quelle aventure! on est tenu en haleine par votre récit. on peut dire que vous méritez vos trajets. courage et bonne continuation.
    La suite au prochain épisode, il nous tarde.... A bientôt.

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